La Maison de Cognac Rémy Martin, qui célèbre cette année son tricentenaire, s’est engagée dans une réhabilitation patrimoniale de grande ampleur de ses bâtiments historiques. Elle a fait appel pour cela à l’agence Inca Architecture. Huit ans de préparation et trente-six mois de travaux dont j’ai pu découvrir le résultat le 10 juin.
Créer une expérience de visite immersive
Depuis 1948, la Maison Rémy Martin, élabore ses cognacs avec des eaux-de-vie issues des crus de Grande et Petite Champagne uniquement. Ces crus sont renommés pour leur terroir qui produit des eaux-de-vie particulièrement rondes et fines, avec un potentiel de vieillissement élevé. Les cognacs Rémy Martin portent ainsi l’appellation Cognac Fine Champagne et LOUIS XIII celle de Cognac Grande Champagne.
Les bâtiments – avec une vaste boutique et une scénographie de 500 mètres carrés sur trois niveaux – abritent de très belles archives avec notamment 250 objets historiques et œuvres d’art. Le parcours de visite nouvellement conçu invite les visiteurs à plonger dans l’histoire de la Maison Rémy Martin. Il s’attache à mettre en lumière les valeurs intrinsèques de la marque, et notamment son attachement profond à la vigne et au terroir.
À travers une mise en scène , le visiteur est guidé à travers les différentes époques de la Maison, du fondateur jusqu’à nos jours.
Le design du mobilier, l’éclairage, ainsi que les dispositifs multimédias immersifs contribuent à enrichir cette expérience. L’ensemble est pensé pour refléter l’identité de Rémy Martin.
Dans une pièce tenue secrète consacrée à la marque Louis XIII, nous avons pu découvrir le coffre fort avec un décompte dans lequel est enfermé le film « 100 ans » tourné en 2015 avec John Malkovich qui ne sortira qu’en 2115 si on prend soin de la planète et que le film traverse le temps. Le film a fait l’objet d’une campagne de communication de grande ampleur pour mettre en avant les bouteilles de cognac qui ont la réputation d’être créées à partir d’un mélange de 1200 eaux-de-vie et qui ne doivent pas être consommées avant au moins 100 ans pour en apprécier tous les arômes.
La marque ne s’est pas arrêter là. Elle a fait appel au chanteur Pharrell Williams qui a composé une oeuvre musical qu’il sera possible d’écouter uniquement en 2117. « 100 Years : The Song We’ll Only Hear If We Care ». La chanson a été enregistrée sur un disque en argile issu des sols de Cognac Grande Champagne. Elle aussi est enfermée dans un coffre-fort avec un décompte. A l’échéance, il s’ouvrira par lui-même. Une jolie façon de représenter tout le travail du maître de chai qui sélectionne toutes les eaux-de-vie pour un cognac qui ne dégustera jamais et l’attachement de la famille à la terre et l’environnement.
Les photographies à l’intérieur de cet espace n’étaient pas autorisées par la marque.
Les éléments patrimoniaux préservés et mis en lumière
Chaque détail a été pensé et dessiné. Une attention particulière a été portée à la restauration d’éléments patrimoniaux, tels que les verrières et les pavés de la cour d’honneur, la mosaïque et l’escalier historique de la Maison Hériard, ou encore les ouvrages de ferronnerie.
La recomposition des espaces intérieurs est une étape importante de cette transformation. Ils sont réagencés pour accueillir le parcours de visite de manière fluide. Dans la maison Hériard, chaque niveau est agencé avec minutie, l’architecture se mettant au service des séquences muséographiques. Un nouvel escalier, souple et lumineux guide les visiteurs dans les étages. Un grand mur ruban déployé sur 50 mètres de long traverse et unifie l’espace de l’accueil. Le chorégraphe de la matière Martin Berger a travaillé sur une fresque minérale, mélange de chaux, de marbre et des éclats de mica qui vient soutenir les bâtis pour les rendre plus lumineux. Ce mur de matière marque les séquences et les différents usages d’accueil, d’attente, de boutique en définissant un fond de scène à la matière expressive . L’authenticité du Chai de finition Francis, a été préservée et mise en scène au travers d’ un show unique à découvrir lors de visites organisées par la marque. Plusieurs parcours sont proposés.
Les enjeux pour Inca Architecture étaient donc d’aménager et de paysager. Le maître paysagiste Louis Benech s’est occupé des aménagements extérieurs pour avoir de la nature en ville et de la biodiversité. Il a choisi avec précision chaque plante pour que l’espace soit fleuri chaque saison et embaume. En 18 mois, le végétal a pris le pas sur le minéral. Un magicien. C’était un plaisir de déambuler dans les allées avec lui qui a des anecdotes « fleuries » sur chaque espèce.
Remy Martin 20 rue de la Société Vinicole 16100 Cognac
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