Elizabeth Leriche : Mémoire et matières

Un détail qui change tout. Alors un détail qui change tout, c’est un détail d’importance. J’avais fait une exposition qui s’appelait détails d’importance car dans la vie au quotidien, tous les petits détails font que ça en hop je recommence. C’est quoi pour vous ? Un détail qui change tout. Un détail qui change tout, c’est un détail d’importance. Justement, tout est dans le détail, c’est la petite intention qui va changer, qui va twister et dans notre quotidien, tous les jours, on a besoin de détails d’importance.

Alors c’est des cycles, les modes en décoration, ça revient, voilà, il y a un engouement autour de la couleur, on va revenir vers des neutres, après on va revenir vers de la couleur, c’est des cycles, on s’inspire toujours du passé pour se projeter dans le futur.

j’adore les objets ramenés de voyage parce que j’ai une passion, notamment pour l’Afrique et tout ce qui est très sage.

Donc moi ça m’emmène dans des cultures différentes, une ouverture au monde, une ouverture aux autres. Et je pense qu’un objet nous fait voyager. Autour de la vue. L’œil qui ne trompe pas.

Je trouve ce qui réveille le regard, c’est déjà d’avoir une ligne d’horizon, d’avoir quelque chose qui nous emmène ailleurs. Donc un tableau par exemple, avec une ligne d’horizon, une fenêtre avec une ouverture sur la nature. Je crois que dans nos intérieurs, on a besoin de s’ouvrir. On a besoin d’être réconforté, de se sentir dans l’intérieur, dans nos intérieurs, sécurisé. Et en même temps, on a besoin de cette ouverture sur les autres et sur le monde. Le toucher, la matière qui parle, la matière qui vous parle à vous le plus. Alors pour moi, c’est indispensable de toucher d’être pieds nus dans un tapis avec des poils en laine doux. De toucher un Plaid en mohair, de m’enrouler dedans, au contraire de me refroidir avec une table en marbré. Je trouve que les matières sont indispensables. Et moi, première chose que je fais en arrivant chez moi, c’est que je mets mes pieds nus. Je suis sur du Parquet, mais après je passe sur de l’ardoise.

Après je passe sur des petites céramiques. J’adore sentir les matières. Pieds nus. Et je trouve que aujourd’hui, on a besoin de cet ancrage avec la matière. On est dans un monde de plus en plus dématérialisé. Choisir son canapé, choisir des coussins, tout ça par écran. On a besoin de se raccorder aux matières, de les toucher, de les sentir. C’est indispensable d’être en connexion avec ces éléments. Oui, les sons de l’espace.

Moi, je suis très sensible au silence. J’avais fait une grande expo il y a des années sur le thème du silence. Je pense que c’est un luxe incroyable de pouvoir avoir des moments de silence qui sont de plus en plus rares car on sait que dans le monde, il y a plus que 50 lieux qui ne sont pas pollués par des bruits humains. Donc aujourd’hui, on sait même plus ce qu’est le silence et faire silence pour se retrouver soi-même, c’est indispensable. On est toujours sollicité par des bruits, par de la musique. Alors la musique est indispensable aussi parce que elle nous élève.

Mais j’ai besoin, moi, d’avoir ces moments de connexion avec des parenthèses dans la nature et par exemple des chants d’oiseaux me transportent ailleurs. Et c’est indispensable cette connexion avec des bruits de la nature, le goût. Alors en déco c’est moi, je vais tourner plutôt autour du bon goût.

Alors le bon goût est ce que c’est quelque chose que l’on mange ? Pour moi la déco c’est aussi recevoir et évidemment c’est très important la convivialité.

J’adore les arts de la table et j’adore dresser des tables, mélanger, mélanger les saveurs aussi parce que ça c’est pareil. Culturellement, c’est très intéressant de travailler différentes, des épices, des herbes, et cetera, donc de voir quelque chose qui donne envie de beau dans son assiette et de goûter quelque chose. Bah c’est la gourmandise aussi. Je suis quelqu’un de gourmand et donc je pense que couleur, matière, texture se retrouvent dans nos assiettes et dans nos papilles et que ça, anime aussi nos intérieurs et notre plaisir de recevoir.

L’odeur c’est hyper important. J’aurais voulu être un nez. Je ne savais pas que ce métier existait mais que j’ai fait une expo de l’histoire racontée à travers les parfums et ça m’a passionné. Et le nez. Bah les voilà, c’est un métier absolument fabuleux. Les odeurs c’est la mémoire, donc pour moi c’est des odeurs d’enfance. Alors je vais raconter une anecdote, je on ne fumait pas chez moi. Et j’allais chez mon oncle qui fumait et j’adorais sentir le tabac froid.

Aujourd’hui, je serais honnie si je disais ça. Mais il y a des mauvaises odeurs qui nous nourrissent et qui nous font apprécier les bonnes odeurs. Et donc c’est très intéressant. L’odeur de la rue, l’odeur du béton chaud. Et puis en même temps ces odeurs de nature. Moi je n’aime que l’odeur de la pluie qui révèle les odeurs des feuilles de la mousse. Des écorces.

Mon sens le plus aiguisé, c’est l’odorat. Voilà, je suis très sensible aux odeurs et quand je rentre dans un lieu, je capte les odeurs. Et puis je trouve que dans la mémoire, c’est quelque chose qui revient régulièrement. J’ai passé une enfance au Maroc et les odeurs du Maroc reviennent et me reconnectent avec mon enfance. Et je crois que aujourd’hui, plus on avance dans la vie, plus on a besoin de se reconnecter à son enfance.

Apprécier la beauté des choses tous les jours et s’émerveiller. Être curieux aux autres et au monde.