C’est le thème développé par le tendanceur à Villepinte du 9 au 13 septembre 2011. L’occasion de présenter de mettre en avant de nouvelles influences, des objets piochés aussi bien dans des galeries d’art que dans notre futur quotidien. Ses choix sont faits de contrastes avec par exemple le lustre « Marie-Coquine » de Philippe Starck pour Baccarat ou des assiettes mélangeant des inspirations asiatiques et européenne, parfait accord entre Est et Ouest, des chaises doubles, une biche à deux têtes… On aime cette apposition d’objets accolés, enlacés, emmêlés…Son analyse, véritable ode du couple, de cette tendance :
« Le couple est-il l’ultime accessoire du chic contemporain ? Hasard du calendrier médiatico-mondain du phénomène de société, la figure du couple fait rêver les foules sentimentales en mal de love stories et de célébrités. Mais ce n’est pas tout. La configuration traditionnelle de la vie à deux vient aussi recoller les morceaux de la société fragmentée par le Big Bang du changement. En attente de repères consolants, les individus disent oui à ce retour en grâce du nous deux qui est loin de sacrifier au conformisme des codes bourgeois. Dans une époque en rupture de solidarité, le couple devient un modèle positif qui signe la réussite affective. La marque française de prêt-à-porter The Kooples ne s’est pas trompée en affichant des couples et leur durée de vie commune.
Dans le monde de la précarité généralisée, l’engagement devient un signe désirable de singularité : à deux, c’est mieux. Alors que le nombre de célibataires augmente partout dans le monde tout comme les divorces, le lien et la complicité s’affirment comme des formes de résistances aux solitudes rampantes, bâtissant un rempart solidaire contre la dureté des temps. Le couple est détourné dans une fonction de confort et de réconfort où l’individu peut se laisser aller. La relation est fondée sur une contradiction fondamentale : être bien ensemble tout en restant soi-même, ce qui oblige à des bricolages personnels, explique le sociologue Jean-Claude Kaufmann.
La revendication de la légalisation du mariage gay et lesbien dans les démocraties mondiales témoigne de l’aspiration collective à une expérimentation à deux du monde où l’union fait force. La vie à deux devient le référent d’une relation d’exception, idéalisée voir fétichisée. Antidote au chaos hyper-individualiste, le duo remet de l’équilibre et de l’harmonie dans les rapports entre les individus. Le partenariat émotionnel crée de l’osmose. Il stabilise et fédère les énergies par la création d’un monde commun sous le signe du partage.
Le bonheur est dans le couple et pas seulement sur le mode des états amoureux. La créativité joue de plus en plus la formule gagnante du binôme comme unité de conception et de production. Dans tous les champs de création, on ne compte plus les œuvres créées à quatre mains où l’association des talents, la complémentarité des regards ou la diversité culturelle engendrent des gestes inédits. Pierre et Gilles, Gilbert & George, Kolkhoze, Dolce & Gabbana, The Do, les Frères Dardenne et tant d’autres duos inventent conjointement des expressions nées du faire ensemble.
Pour les couples de designes A+A Cooren et Doshi Levien, les différences culturelles s’hybrident et se transcendent. Le binôme devient un vecteur de différence où chacun met une part de soi.
Comme si les objets aussi cherchaient l’âme sœur, on voit surgir des accouplements de formes, de matières, de couleurs et de textures qui reflètent cette fascination pour le double. Objets miroir, objets à la colle, objets siamois ou jumeaux, enlacés et entremêlés…Les choses font la paire comme la métaphore d’un nouvel ordre amoureux. Le plasticien allemand Valentin Loellmann dessine la collection de mobilier « m&mme » tandis que le designer Jeroen Van Laarhoven s’inspire de l’étreinte amoureuse pour dessiner l’assise Love Approach Together. Les designers réactualisent le siège à deux places, appelé confident, conversation ou siamois. Un double jeu qui donne une singulière dimension à la création.
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