Insensé

Hubert de Malherbe : l’exécution sublime du détail

23 décembre 2025

Ingénieur et designer, à la tête de son agence, Hubert de Malherbe transforme lieux et objets en expériences cinétiques uniques.

C’est quoi pour vous ?

 
Un détail qui change tout. ? Le détail, c’est l’exécution, et 90% d’un projet, c’est son exécution. Il n’y a pas de joli marbre ou de joli ci ou ça. Et dans toutes les tendances créatives, il y a eu des choses assez vilaines et puis des choses sublimes.
Il y a toujours celui qui va apporter cette différence du détail qui va le rendre sublime.
 

Un objet pour vous qui vous accompagne depuis toujours.

Il y a une paire de potiches. Dans cette légende familiale donnée par la famille de Fersen, Fersen, c’était l’amant de supposée de Marie-Antoinette et il se trouve que la famille était pote à l’époque. C’était d’autres mots. Alors on arrive et on se transmet ça dans la famille. Vous voyez comme un peu ce une sorte de patrimoine. Je ne sais pas pourquoi je vous parle de ça, mais je m’attache pas tant que ça aux objets. Je m’attache au lieu, j’aime un lieu, à un moment, je l’aimerai toujours des tas d’objets. Je me lasse beaucoup des objets.
 

Qu’est-ce qui réveille votre regard?

J’ai un peu de mal à dissocier le regard des autres sens. Moi, j’ai un truc, c’est la synesthésie. C’est l’association des sens. Ça touche à peu près quand même 10 % de la population. Et en fait, c’est super dur de dissocier les sens, le goût et l’odorat. Il y a des tas de choses, on sait jamais trop si c’est le goût et l’odorat. Pour moi, c’est la même chose, la vue. Et le goût, l’odorat, toutes ces choses, c’est les l’ouïe, c’est pareil.
 
Par exemple, pour moi, les sons, c’est les couleurs. Alors vous voyez le O, le couleur, le O est jaune de Naples, le U est un jaune un petit peu plus fort, le L comme le F, le G, le S. et le L sont des sortes de miroirs, des couleurs qui sont dans les mots de part et d’autre de cette voyelle. O U L E E bleu, bleu marine. Mais sauf à la fin d’un mot, il se grise un peu, il devient un peu plus terne alors qu’il est bleu fort, un bleu, un peu bleu de Prusse, légèrement plus clair dans le début des mots. Et c’est comme ça que je me souviens du nom des gens. Dans la musique, les sons. J’aime beaucoup l’électro et parce que, en fait, la rythmique me rappelle le goût de certains fruits, notamment de fruits secs, d’amandes, et cetera,. en fonction du son de la percussion, alors que les voix me rappellent des gens et la douceur du corps, de des choses plus douces ou des aliments plus doux.
 

Quelle est la matière qui vous parle le plus?

 
La peau Et puis il y a les grains de beauté. C’est une espèce de constellation, c’est un parchemin, c’est un dessin, c’est du pointillisme, c’est ce que vous voulez. Il y a quand même génial.
 
Le bruit qui vous inspiré ou le silence?
Ah, il y a des sons, le démarrage d’une turbine par exemple. Vous voyez, moi j’adore l’aéronautique. Quand vous avez cette espèce de truc, vous mettez en route, ça fait. Vous voyez, la turbine se met en route et puis à un moment donné, entendant. Ça, c’est quand vous faites l’ouverture, c’est à dire que vous mettez le pétrole dans la turbine et là, ça fait un espèce de comme une espèce de feu. Voilà, ça c’est beau. Il y a d’autres, d’autres sons, mais j’aime bien.
 

Le goût, donc en déco, on va peut-être parler d’art de la table, mais on peut aussi se dire qu’est-ce qui est le bon goût en décoration?

Dans la décoration, montrer une forme de faiblesse avec un truc un peu too much, un peu à la limite du mauvais goût, complètement dedans, vous jugerez.  J’aime bien un petit peu cette faiblesse.
 

Quelle est l’odeur qui vous ramène à l’essentiel?

Moi, j’adore les voitures anciennes. J’ai quelques voitures. Elles ont une odeur. Moi, j’avais un tourne-disque quand j’étais tout jeune, qui avait cette odeur de bakélite un peu chaude. C’est un c’est pas un thermoplastique, c’est un thermo dur des bakélites, c’est des vieux plastiques d’autrefois. J’ai gardé cette odeur. Hyper forte et que je sens une fois tous les 3 ans et j’ai une émotion inouïe. Il y a pas d’odeur que j’aime vraiment plus, c’est l’occasion.
C’est encore une fois la combinaison des odeurs et de la lumière.
 

Votre sens le plus aiguisé?

Je pense que c’est peut-être mon oreille interne, c’est l’équilibre. On ressent les choses avec le ventre dans un virage, quand vous marchez, quand dans un avion, dans moi, j’adore tout ce qui est cinétique, le mouvement, le déplacement. L’oreille interne, il y a quelque chose de merveilleux parce qu’en fait, ça vous permet de voir les profondeurs, ça vous permet de vous déplacer, d’évoluer dans un lieu, de le comprendre.
 

Une devise qui fait sens.

 
Créer, c’est se souvenir, créer, se souvenir des choses que l’on n’a pas connues. Nous, on crée des choses pour des gens qui vont les juger. Ce qui est vachement important dans la qualité d’un projet, c’est le talent de celui qui décide de comprendre la manière dont il va, Réussir à faire adhérer son client au projet le plus ambitieux. Culturellement, le plus ambitieux en termes de trajectoire pour sa marque.
Parce qu’en fait, une marque souvent dit elle est là. Mais non, elle n’est pas du tout là. Une personne, une marque, une personne vit et se développe elle-même. C’est habilement d’apporter le truc qui va faire aller le plus loin la marque. Parce que c’est sans arrêt la bataille entre une forme de conservatisme, et une agence qui veut faire des projets ambitieux aussi pour son portfolio. C’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux, mais en tout cas pour faire progresser les choses et défendre ces magnifiques métiers de création qui sont quand même très liés à la culture.

You Might Also Like

No Comments

Leave a Reply