Hubert de Malherbe est un designer et un architecte d’intérieur. Il conçoit l’architecture commerciale de nombreuses enseignes de la grande distribution (Sephora, Fnac, Carrefour…) avec ses équipes (150 personnes). Il signe également le design de produits et de boutiques du luxe comme Dior Parfums, Lancel ou Veuve Clicquot.
A l’exposition AD Intérieurs 2013, il présente un salon cerné de paravents avec un mobilier qu’il a voulu narratif. La console est habitée par un personnage coiffé d’une couronne de fleurs en biscuit,
le canapé ondulant se gonfle et se dégonfle…
Hubert de Malherbe nous raconte l’histoire de ce décor.
Est-ce que le thème imposé, Métamorphose, était un thème inspirant et pourquoi?
La métamorphose, c’est l’histoire de la vie, l’évolution naturelle de tout le monde. Lorsqu’un junior arrive à l’agence, il évolue, il se révèle. Il y a la notion de transmission. La transmission est positive. On est dans un monde qui change et le rythme s’est accéléré de façon incroyable. Le chemin de fer a modifié le cours de l’existence de l’Europe pendant 150 ans. L’Ipad a mis 2 jours. C’est pourquoi, on est un peu stress. Les gens évoluent et ont accès à une forme de richesse. Si on avait dit à mon grand-père à la sortie de la guerre, qu’un jour, il aurait une automobile, il aurait cru à une farce.
Est-ce que le syndrome de la feuille blanche existe chez le décorateur?
Pas vraiment dans mon cas pour le moment. Je travaille avec des gens que j’apprécie comme Emmanuel Quentin, Adrien Cussonneau et Alexandra Devaux. Donc, j’ai donné mes idées, mes axes. Je n’ai précisé aucune époque, aucune inspiration.
Vous avez fait plusieurs croquis? Comment se passe ce processus de création?
La première réunion a eu lieu au café Flore. J’avais une idée. Je l’ai dessinée sur les serviettes du café. L’idée était de se fondre dans son propre décor. Chacun va pouvoir se cacher derrière un meuble. L’idée est de devenir les maîtres de séance. D’habitude, vous allez chez les gens. Là, les gens deviennent des meubles. C’est là la métamorphose.
Qui gagne quand on a carte blanche, l’idée ou le lieu? Vous aimez avoir carte blanche?
Le lieu a ici été modifié. Le faux plafond descend plus bas que les fenêtres. La pièce a été coupée en deux. Face à cette contrainte, nous avons préféré choisir la boîte noire pour faire ressortir nos dessins.
Pourquoi avez-vous choisi le salon?
Il y a des fonctions dans un lieu. J’aime les lieux où on se rencontre. La salle de bain, la cuisine ne convenaient pas. Nous rencontrons rarement une personne dans sa salle de bain. Je voulais une salle de réception, un salon d’apparat. Autrefois, la noblesse n’avait pas de table. C’était très bourgeois. D’ailleurs, l’expression « dresser la table » voulait dire organiser la table. Les tables suivaient le roi. Elles étaient mobiles. Je voulais retrouver ce côté événement. Ce n’est pas un salon fixe mais qui bouge.
Un conseil à nos lecteurs pour l’aménagement d’un salon?
Ne pas hésiter à aller jusqu’au bout, à s’exprimer tel qu’on est. C’est un exercice de sincérité quand on va chez les gens. Il y a des pays où on ne rentre jamais dans les intérieurs. C’est intime. Les photos de famille sont visibles comme les meubles de famille. Cela en dit beaucoup sur la personnalité des personnes et sur leurs façons de vivre. Donc, quand vous aménagez un salon, il ne faut pas être timide, ne pas se retenir. Il faut regarder à l’intérieur de soi, repenser à son enfance, à ce que l’on a aimé, s’inspirer des tableaux que l’on aime. Il ne faut pas mettre de la distance, en choisissant un beige, un blanc cassé. N’hésitez à montrer une partie de vous-même. Moquez-vous du qu’en dira-t-on. Si vous voulez que votre invité vous parle de lui, parlez lui de vous.
Vos projets?
Nous sommes dans toute l’Europe et en Asie. Cela va de petits projets pour des boutiques à des grands projets pour des centres commerciaux. Petits ou grands projets, ce qui nous guide, c’est l’esprit créatif. Nous pouvons réaliser de très beaux projets avec un petit budget.
Vos envies?
Décorer une banque
Ils gagneraient beaucoup à faire simple et vrai. Attention, nous réalisons des choses qui fonctionnent. Nous faisons attention à ce que nos clients soient satisfaits. Nous n’imposons pas un style. J’essaye de transmettre une manière de faire. J’aide les clients à mieux formaliser ce qu’ils ressentent. J’aime bien inventer.
DKOmedia* publie un livre blanc sur l’utilisation des médias sociaux dans les métiers de la décoration. J’aurais aimé connaître votre avis sur ce sujet ?
Nous sommes sur Facebook. Nous y postons nos vidéos. Nous dessinons. Nous réfléchissons. Nous travaillons sur la représentation. Les médias sociaux exacerbent la personnalité des personnes qui y sont. Nous sommes nous-mêmes un média social. Nous allons bientôt être sur Linkedin.
Ces médias sociaux étaient expérimentaux. Maintenant, la vie prend sa place. C’est la renaissance digitale. Il y a 20 ans je voulais des informations sur mon voisin. Je n’avais que l’annuaire où j’avais accès à des informations que je connaissais déjà. Aujourd’hui, vous pouvez voir s’il a un profil facebook, s’il est sur les moteurs de recherche. Tout le monde a une existence digitale et vous avez tous les jours de nouvelles informations sur lui. Vous construisez un profil numérique. Demain, les marques vous proposeront des choses qui vous plaisent en recoupant de nombreuses informations. Les gens développent leurs identités digitales. Cela me plaît beaucoup.
J’ai commencé à faire des vidéos décalées à l’agence dès que l’on a commencé à grossir pour que les gens ne prennent pas le melon. Nous proposons des choses variées sur le ton de l’humour. C’est la déconne. Nous avons plus de 100 vidéos et 700 000 vues. 100 000 personnes sont abonnées à la newsletter vidéo.
L’humour permet de faire passer des messages. Il y a toujours un message de fond dans chacune de nos vidéos.
Le travail d’Hubert de Malherbe sera à découvrir en Septembre à AD Intérieurs 2013 METAMORPHOSE L’Enclos des Bernardins. 47, quai de la Tournelle. Paris Vème du 7 au 22 septembre Ouvert tous les jours de 11 à 19 heures Entrée 12 euros, catalogue de l’exposition offert*DKOmedia est l’agence de marketing et de communication spécialisée dans les médias sociaux qui produit le magazine en ligne DKOmag.
No Comments