Il est 10h, la lumière perce doucement à travers les grandes fenêtres de l’atelier de Ronan Bouroullec, niché dans une cour pavée du 11e arrondissement. L’ambiance sent bon le café et les échantillons de textile fraîchement déballés. C’est une matinée qui se veut intime, enthousiaste, délicatement urbaine, où la magie du design s’écrit dans les petits détails et les grandes histoires. La presse étrangère a fait le déplacement. C’est la première fois que le designer breton ouvre cet atelier ultra secret au public.
20 ans de Slow Chair, d’histoires et d’ajustements
Ronan Bouroullec revient sur l’aventure du Slow Chair, lancé en 2006 avec Vitra : un “long seller” qui s’est imposé comme un classique, discret mais adulé. Le fauteuil, fruit d’un aller-retour incessant entre Paris, Bâle et Milan, aura vu passer des dizaines de prototypes. On comprend vite que la quête de confort n’est jamais finie pour Ronan : « Jamais satisfait », souffle-t-il avec un sourire, évoquant ses nuits blanches à affiner la silhouette du fauteuil, comme un tailleur ajusterait une robe sur-mesure.
Mais il semble qu’aucun prototype ne soit sacré : même les tout premiers sont auscultés à la loupe, dans une démarche quasi-poétique de réconciliation entre savoir-faire ancien et nouvelles exigences de confort.
La révolution du textile : du transparent au cocon
Si la Slow Chair version 2006 rappelait la sensualité d’un collant ultra-fin (merci au textile tricoté, aussi élastique qu’une running Nike), sa métamorphose 2025 signe une nouvelle philosophie : celle du cocon urbain. Le textile opaque, bouclé, enveloppe l’utilisateur d’un nuage tactile, rendant le siège aussi accueillant qu’une étreinte. Ce choix, loin d’être purement esthétique, répond à la vie moderne : plus compact, plus intime, idéal pour les petits salons parisiens.
Un design pensé pour la ville et la vie
Le Slow Sofa, dernière création tout juste dévoilée, incarne cet esprit agile et chaleureux. Pas de rembourrage excessif : tout est pensé pour optimiser l’espace et permettre à deux amis de s’y lover sans se gêner. Ronan s’amuse : « C’est un projet indéniablement urbain ! On peut le déplacer d’une main, l’intégrer dans tous les bouts d’appartement… ou le transformer en mini-divan sur terrasse. »
« Longue vie aux objets ! » , proclame Ronan, qui rêve de fauteuils réparables, hérités, personnalisés. Généraliste dans l’âme, il dit “sauter de connaissance en connaissance”, guidé par la curiosité plus que par un dogme de style.
Nina Ballet, experte matières-couleurs chez Vitra, propose une expérience interactive : choisir tissus et teintes (beige brume, bleu nuit ou vert sauge ) pour façonner un fauteuil à son image. On s’amuse, on échange.
Dans cet atelier, le Slow Chair et le Slow Sofa incarnent plus qu’un simple duo d’assises : ils racontent le design vivant, humble et complice, prêt à évoluer avec nous
No Comments