Insensé

Inès de la Fressange : quand l’élégance rime avec légèreté d’être

3 novembre 2025

Entre son amour pour l’artisanat qui traverse le temps et sa devise libératrice “tout passe, rien ne nous appartient”, Inès de la Fressange nous offre une leçon d’élégance détachée. Rencontre avec une icône qui préfère les maisons vivantes aux showrooms parfaits.

C’est quoi pour vous un détail qui change tout?

Inès de la Fressange : Alors pour moi, un détail qui change tout,  c’est généralement un luxe. C’est quelque chose de pas forcément nécessaire. Ça peut être quelque chose de juste raffiné et quand on travaille dans la mode, on est un peu obsédé par les détails parce que c’est une boutonnière qui s’ouvre. Effectivement,  c’est un bouton en placementerie. Et là, même sur de l’électroménager, ça peut être juste une toute petite bande bleu, blanc, rouge. Et le détail est important.

Et pour vous, qu’est-ce qui traverse les modes en décoration?

Ce qui traverse les modes en décoration, c’est généralement l’artisanat. C’est un objet fait par quelqu’un. Ça peut être une belle poterie, une faïence, ça peut être juste des couverts et c’est généralement un bel objet. Ou alors c’est une chose de très bonne qualité.

Moi, j’ai une passion, par exemple pour les draps en chanvre. Alors évidemment pas pour en faire des draps, mais pour en faire des rideaux ou pour en faire des nappes. Et ils sont lavés et relavés et restent impeccables. De temps en temps, ils s’assouplissent un tout petit peu avec le temps juste et  c’est ce qui m’intéresse le plus, c’est cet objet qui traverse le temps, qui reste beau parce que c’est un objet artisanal.

Et l’odeur qui vous ramène à l’essentiel

Alors pour moi, c’est on peut avoir la plus belle Maison du monde, la mieux décorée, la plus raffinée. Si ça sent mauvais, c’est fatal quoi. Donc c’est essentiel le parfum. Et elle a eu une grande mode de bougie parfumée dernièrement et parfois, c’est un tout petit peu entêtant, mais juste un petit bout de papier d’Arménie, tout d’un coup, ça peut être formidable. Mais c’est exactement comme une femme. Si on se parfume trop, si on impose trop un goût comme ça, c’est gênant. Rien n’est mieux que le parfum des fleurs.

Votre sens le plus aiguisé?

Mon sens le plus aiguisé, c’est la vue. Il y a un espèce de défaut professionnel. J’ai souvent envie de remettre les cols, les gens, enlever un peu une poussière qui peut rester.

Et dans la rue, quand je marche, je pense, je me dis cette femme avec une autre coupe de cheveux, une autre paire de lunettes avec juste un pull bleu Marine donc ça n’arrête pas quoi. Et même quand je suis dans un endroit vilain, je me dis qu’est ce que je ferais pour arranger la déco de cet endroit ? c’est un peu c’est maladif quoi.  Je me pose des questions, je me dis alors ça je jetterai, je mettrai ça là je repeindrai comme ça. Mais bon ça va je ne suis pas psychopathe au point où je le dis un peu quand même.

Une devise qui fait sens.

Tout passe, rien nous appartient et donc rien n’est trop grave. Un peu comme on fait une interview autour de la décoration, je pense à ça. Je pense que des gens qui s’accrochent trop à leurs objets, à l’apparence même de leur maison, sans penser que la maison c’est là pour vivre au quotidien, pour accueillir des amis, des gens qu’on aime. Et c’est on ne fait pas des showrooms. Et de toute façon, il ne faut pas s’attacher trop aux objets. Je vois des gens un tout petit peu crispés dans leur propre intérieur. Alors j’aimerais une devise pour leur dire : « ça va, quoi? »

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