Jean-Yves Le porcher, Directeur de Création Elipson

Diplômé des Arts Appliqués de Paris (ENSAAMA), ce designer pluridisciplinaire fonde son agence de design en 1993, avec Alain Pineau. Ensemble, ils développent une expertise dans le domaine de l’enfance (récompensée par le Grand Prix du Jouet) et collaborent avec Nestlé, Kickers, Fisher Price…

La rencontre de Jean-Yves Le Porcher avec Philippe Carré, directeur général d’Elipson en 2009, a permis de donner une nouvelle impulsion aux produits de la marque audio Haut de gamme. Elle donne naissance à des collaborations créatives que Jean-Yves aime cultiver. Timber et Lenny sont les enceintes nées de la collaboration entre Elipson et Habitat avec le designer Pierre Favresse.

Comment est née cette collaboration entre Elipson et Habitat ?

 Hervé Giaoui, président d’Habitat est à l’initiative du projet. Il est fan de la marque Elipson. C’est lui qui nous a contactés. J’avais suivi le travail de Pierre Favresse. J’ai toujours travaillé en équipe. Pierre aussi. Donc le travail a été fluide. On a créé 8/9 produits. On en a isolé 2. D’autres produits arrivent car nous souhaitons aller vers une vraie collaboration. Ce projet arrive au bon moment. Cela fait 3 ans que je suis à la direction de la création d’Elipson et que je souhaite faire évoluer la marque de la Hifi seule vers la décoration, l’Art de vivre. Ce partenariat est donc évident pour nous. Julien Thater, Designer Son, Adrien Stachowicz, ingénieur son, chez Elipson et Benjamin Charles ont également travaillé sur le projet.

La rencontre avec Pierre Favresse a été une belle rencontre humaine.

Comment se sont passées les séances de travail avec Pierre Favresse ?

La première séance de création s’est passée dans mon jardin. Il y a eu plusieurs. On voulait un produit facile, de partage. Nous nous sommes posé la question de la musique dans la maison aujourd’hui. Comment vit-on avec elle ? Quels moments dans la vie ? Nous avons souhaité travailler des objets différents avec des formes singulières. Ainsi, nous avons pensé à une lanterne, « weatherproof » pour écouter simplement la musique dans le jardin. Il fallait aussi que ce soit bluetooth.

Pour Timber, nous souhaitions une forme simple à un prix abordable (199 euros). La forme hexagonale est intéressante. Phoniquement, elle est plus adaptée que les parallélépipèdes.

Je suis designer industriel. Cela veut dire que pour mes clients, je n’ai pas le choix, il faut que le produit créé, trouve son public.

En tant que designer de jouets, j’ai appris à designer pour les autres. Cela veut dire qu’il faut savoir se mettre dans la peau d’un enfant de 3 ans qui ne sais pas lire.  Le jouet est un objet de pur désir. Il ne répond pas à un besoin. On en a juste envie. Il faut savoir raconter des histoires dans les produits. C’est ce que l’on appelle l’affordance c’est-à-dire la capacité d’un produit à raconter ce qu’il est. On ne travaille pas que sur l’ergonomie ou la couleur de la poignée. On est dans le social, le culturel. Voilà ce que l’objet dégage. On choisit quelque chose qui nous ressemble. Un objet de la maison, c’est un peu cela, c’est accéder à ce monde-là. Même la poignée raconte quelque chose. C’est ce que l’on a voulu faire avec Timber et Lenny, les deux enceintes créées en collaboration avec Habitat.

Vous mettez combien de temps pour élaborer une collection ?

Un an. C’est un temps de développement classique. C’est compliqué à faire, en particulier avec la batterie, il fallait que les prototypes fonctionnent.

Quelles ont été les contraintes de coûts et de matières ?

Il y en avait peu. La principale était d’aboutir à des prix qui restent accessibles.

Les contraintes extérieures sont les coûts liés au transport. On va éviter certains matériaux. Pour avoir une acoustique viable, seules certaines matières vont convenir. Les prix des enceintes Elipson vont de 500 à 12000 euros. Avec Pierre Favresse, nous avions une fourchette de 200 à 500 euros. Nous avons réussi tout en choisissant de belles matières (Flanc en bois, tissu mèche).

L’enceinte nomade Lenny est à 299 euros et Timber en panneaux de noyer et tissu 3 D est à 199 euros. Nous avons puisé dans les patrimoines des deux marques.

Le blanc est la couleur mythique chez Elipson. Les premiers modèles sortent toujours en blanc. Cela permet de laisser parler la forme et les matières. La couleur va venir dans un second temps. On a regardé de magnifiques couleurs comme le bleu pétrole ou le bleu marine.

Lenny est dans l’héritage, dans la ligne droite de l’enceinte Conque.

DKOmedia* publie un livre blanc sur l’utilisation des médias sociaux dans les métiers de la décoration. J’aurais aimé connaître votre avis sur ce sujet ?

 Il y a un véritable engouement pour la marque Elipson. Il existe des blogs spécialisés, une communauté très forte. Il y a eu une vente de produits Acturial d’enceintes Elipson. Le designer de nos produits est avant tout un passionné de la marque. Nous avons une page Facebook très vivante grâce à notre communauté.

Nous sommes une petite équipe. Nous sommes concentrés depuis 3 ans sur les produits pour faire revivre la marque. Nous voulons créer les bons partenariats. Nous ouvrons la marque aux collaborations. L’enceinte Planet bleue que nous avons créée pour le concept store Colette  nous a permis d’avoir des publications dans toute la presse.  Nous avons aussi collaboré pour des éditions limitées avec Maurizio Galante (Sound Tree, un arbre musical poétique, exposé au Plaza athénée),

avec les Galeries Sentou w (Planet M Japan Flag), le Conran Shop ou le Bon marché.

Plus d’informations sur le site de la marque Elipson : http://elipson.inovadis.com/fr/index.html

*DKOmedia est l’agence de marketing et de communication spécialisée dans les médias sociaux qui produit le magazine en ligne DKOmag.

Crédits photos : stéphanie CAUMONT (sauf sound tree)